Pour avoir été aux côtés de nos agriculteurs sur les ronds-points et porté à l’Assemblée nationale une proposition de loi pour mieux protéger nos terres agricoles de l’artificialisation, je sais combien notre souveraineté alimentaire est une priorité stratégique pour notre pays.
La poursuite de cet objectif doit respecter la nécessaire préservation de notre environnement. Aussi, en réautorisant l’usage de l’acétamipride, ce n’est pas là ce que défend la loi visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur, dite loi « Duplomb ». Pour cette raison, il m’était impossible d’y apporter mon soutien.
Pour me rendre régulièrement sur nos exploitations agricoles, je ne peux toutefois que constater l’incohérence de la situation dans laquelle nous nous trouvons. En effet, en étant les seuls à interdire l’usage de ce produit en Europe, nous fragilisons notre agriculture allant jusqu’à engendrer une baisse de la production agricole française de 9% cette année, mais on ne retrouve pour autant pas moins ces produits dans nos assiettes. C’est même l’inverse car cela nous contraint à encore davantage d’importations de denrées alimentaires cultivées grâce à ce produit que nous avons interdit. Cela veut dire une chose très simple : ce que nous interdisons ici, nous le consommons quand même et encore davantage.
Cette situation, doit être dénoncée. Parce que s’y opposer frontalement sans appréhender les conséquences de ce choix s’avère in fine contreproductif et parce que l’issue du vote était connue, j’ai donc fait le choix de m’abstenir sur ce texte, largement adopté par 316 voix contre 223.
Si la loi Duplomb a donc eu le mérite de mettre en lumière ces contradictions, il n’en demeure pas moins qu’elle entérine un recul environnemental auquel je ne peux souscrire, en particulier eu égard à la nécessaire prise en compte du principe de précaution pour protéger la santé de tous. Par ailleurs, elle n’apporte aucune réponse aux grands enjeux auxquels notre agriculture est confrontée. Elle reste silencieuse sur la rémunération des agriculteurs, sur le financement de la recherche pour des alternatives crédibles, sur la transmission des exploitations ou encore sur l’indispensable harmonisation du droit européen. Ce sont pourtant là des chantiers que nous devons engager collectivement, sans perdre de temps, et pour lequel je serai évidemment mobilisé pour une agriculture de proximité, viable et durable. L’heure est désormais à ce que le Parlement européen se saisisse du sujet !